Pour commencer.

Maurice Denis disait en son temps : «Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées.»
Je crois qu’il ne me contredirait pas si je disais à mon tour qu’un dessin, avant d’être tout ce que l’on voudra, est composé essentiellement des traces des gestes nécessaires à son accomplissement laissées sur une surface.
Vouloir créer l’illusion que toutes ces traces se meuvent dans le temps et dans un espace donné, relève du défi, d’un défi peut-être insensé.
L’éducation, la culture et l’habitude génèrent souvent en nous une surprenante tolérance envers des choses intolérables. La bienveillance du plus grand nombre envers le grotesque relève de cette étrange attitude.
Depuis que les esprits ingénieux se sont acharnés à vouloir donner aux images l’illusion de mouvement, la caricature, la mièvrerie et le dérisoire ont trop souvent constitué le fond de commerce des faiseurs d’images animées. Faut-il chercher l’explication de ce constant recours à des formes de représentations anecdotiques dans le mercantilisme ambiant du 19e siècle ou dans l’indigence esthétique des créateurs de «jouets» optiques?
Que la découverte d’un phénomène aussi extraordinaire que le mouvement stroboscopique, suivi de l’élaboration d’objets mécaniques aptes à les produire, puisse avoir été réduite aussitôt à l’état de jouet est, pour le moins, consternante.
Avec le temps, cette erreur originelle n’a pas cessé de s’aggraver, engendrant ainsi une montagne de produits insignifiants. Avant que le souvenir d’un potentiel radieux ne s’efface à tout jamais des mémoires, je me propose, à l’écart des tendances, des modes et des écoles, de tenir sur ces pages quelques propos simples sur un art qui mérite d’être reconsidéré.

José-Manuel Barata Xavier